Ergué-Gabéric, bout du Finistère. Le berceau des Bolloré. Ici, à côté des pierres de granit qui ont vu naître l'empire familial il y a deux siècles, une dizaine de salariés planchent sur la voiture électrique. Un laboratoire où des feuilles d'aluminium sont couchées sur des cathodes, des électrolytes et des feuilles de lithium, pour former des piles. Connectées entre elles, elles dessinent une batterie lithium métal polymère (LMP). Le milliardaire est aujourd'hui le seul à miser sur la formule LMP pour faire rouler les voitures électriques, face à la technologie lithium-ion ultradominante. «On n'est pas à l'abri de se tromper», reconnaît très vite Jean-Marc Métais, PDG de Batscap, la filiale de batteries de Bolloré.
Milliard. Le parti pris du Breton, qui lui aura coûté, en 2012, un milliard d'euros, repose sur un pari risqué : l'échec du lithium-ion. «On se tient prêt pour servir ceux qui viendraient nous voir quand ils commenceront à avoir des problèmes» de surchauffe et d'incendie de la batterie. En attendant, «on est les seuls sur cette technologie». D'ailleurs, l'ingénieur s'agace de voir les pouvoirs publics subventionner la concurrence. A Ergué, on s'attache à démontrer que l'électrique est un prolongement naturel des activités industrielles de Bolloré.
Tout est parti d'une discussion avec EDF, à qui Bolloré vend depuis toujours des condensateurs pour équiper ses lignes à haute tension. En 2001, les deux groupes montent la société Batsc