Jean-François Robin est stratégiste à la banque de financement et d'investissement Natixis. Pour liberation.fr, il analyse la crise financière irlandaise alors que le gouvernement irlandais vient d'annoncer qu'il va verser 45 milliards d'euros pour sauver ses banques, quitte à faire exploser son déficit: la dette publique irlandaise devrait atteindre 32% du PIB au lieu de 3% selon le traité européen de Maastricht.
Les banques irlandaises sont-elles les seules causes de la crise financière sans précédent qui frappe ce pays?
Oui, en grande partie. Le problème irlandais est un problème immobilier et un peu aussi de subprimes. Donc le problème vient surtout des banques, puisque sans le problème bancaire, l'Irlande aurait réussi à atteindre ses objectifs de réduction de déficit pour cette année.
Pourquoi la crise intervient-elle si tard en Irlande, près de deux ans après celle des subprimes aux Etats-Unis et même après les difficultés de la Grèce, si on parle de l'Europe?
Paradoxalement, l'Irlande était un des pays qui avait le premier pris les mesures de réduction de son déficit pour revenir dans le rang. Il y a encore deux ans, voire un an, l'Irlande était vue comme le bon élève des mauvais élèves de l'UE. Le pays était entré plus tôt dans des mesures de consolidation. Là, il est rattrapé par les difficultés de son secteur bancaire avec des taux de défaut qui ont largement augmenté. Le système bancaire est aussi victime à retardement de la c