Que pense la finance mondiale de la condamnation de Jérôme Kerviel? Libération a recueilli des confessions de New York à Londres en passant par Paris. Toutes anonymes.
L., trader dans une banque de la City de Londres «Des erreurs de cette ampleur, on les remarque»
«En gros, on fait porter le chapeau à 100% à Kerviel, or une telle histoire ne tient pas debout. Il est évident que les juges veulent faire un exemple, mais je ne vois pas comment il a pu prendre de telles positions sans que personne dans sa hiérarchie ne soit au courant. Il y a toujours des moments où tu vois qu’une position a gonflé de manière anormale. Ça veut dire que le tribunal n’a pas une seconde cru à sa ligne de défense, c’est complètement délirant. Les juges ont juste entériné le fait qu’il s’agissait d’une fraude pure et dure et que la Société générale n’y était pour rien. Dans les banques, il peut toujours y avoir des erreurs, mais quand ça atteint une telle ampleur, on le remarque. Bien sûr qu’il est fautif et qu’il s’est laissé entraîner dans l’engrenage. Mais il est impossible que, même avec un ou deux complices éventuels, on puisse prendre de telles positions sans que personne ne se rende compte de rien. Et, quand on discute entre collègues, c’est le même son de cloche partout. Sauf bien sûr à la Société générale où on adore le patron et où on se serre les coudes.»
M., trader dans un hedge fund à Londres «Comment fixer un autre montant que la perte subie ?»