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Libération

L’ombre du grand méchant yuan

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Avec une devise sous-évaluée, la Chine s’attire les foudres du monde entier. A tort ?
publié le 8 octobre 2010 à 0h00

On imagine mal la Chine reprendre à son compte l'une des phrases les plus célèbres de l'économie monétaire contemporaine. Celle de John Connally, secrétaire américain au Trésor sous la présidence Nixon qui, en pleine chute du billet vert en 1971, déclarait aux Européens : «Le dollar est notre monnaie, c'est votre problème.» A Bruxelles cette semaine, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, aurait pu faire sienne cette réplique. Tant la sous-évaluation de la devise chinoise y a été vilipendée.

Patience. Mais Pékin reste de marbre. Même si l'Europe lui signifie qu'elle est à bout de patience. Comme ce fut le cas mardi à Bruxelles, lors du sommet UE-Asie. Dans cette fronde monétaire mondiale, un seul homme a osé dire ce que les autres pensent. Il se nomme Guido Mantega. Il est ministre des Finances brésilien. Pour lui, pas de doute : «Nous sommes en pleine guerre des monnaies.» Dominique Strauss-Kahn, patron du FMI, est un poil plus nuancé lorsqu'il déclare, au Monde : «Je prends très au sérieux la menace d'une guerre des monnaies, même larvée.» Cette question devrait revenir sur l'avant-scène lors du prochain G20, en novembre à Séoul, en Corée du Sud.

En attendant, l'escalade se poursuit entre Pékin et Washington. Une commission du Congrès américain a ainsi approuvé, fin septembre, un projet de loi prévoyant des mesures de rétorsion contre la Chine, accusée de sous-évaluer sa monnaie pour favoriser ses exportations.<