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Libération
Reportage

De l’orage dans l’Eire

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Crise immobilière, financière et politique… L’Irlande a tiré un trait sur ses années de croissance et se débat avec un déficit hallucinant et des plans de rigueur à répétition.
Pedestrians walk past a branch of Anglo Irish Bank in Dublin, September 30, 2010. Ireland revealed it faces a bill of up to 50 billion euros ($68 billion) to clean up its banks, equating to over 11,000 euros per head of a recession-weary population already reeling from savage government cutbacks. Unveiling the latest in a string of bank bailouts, Finance Minister Brian Lenihan promised on Thursday that Ireland had arrived at the endgame for dealing with massive property losses but warned years of pain lay ahead for taxpayers. REUTERS/Cathal McNaughton (IRELAND - Tags: BUSINESS POLITICS SOCIETY) (Reuters)
publié le 9 octobre 2010 à 0h00
(mis à jour le 9 octobre 2010 à 9h46)

C'est une fin de rêve de martingale, un miroir aux alouettes brisé. «L'économie irlandaise a longtemps été le poster d'enfant du libre marché globalisé ; une sorte de fable morale avec un happy end pour ceux qui auraient bien appris les leçons du capitalisme. Le prix à payer pour une telle illusion sera terrible.» Ce prix, Fintan O'Toole, en a une idée assez précise. Chroniqueur et historien, il a écrit le pamphlet le plus fin sur la crise. Ship of Fools («le navire des fous»). «Il suffit, dit-il, de passer en revue le flot d'infos depuis une semaine.» Un sauvetage des banques, jusqu'à 50 milliards d'euros, et un déficit budgétaire hallucinant : 32%. Une nouvelle récession annoncée, après une année 2009 déjà apocalyptique (- 7,1% de croissance). Un cinquième plan de rigueur budgétaire (4,5 milliards à trouver) à l'étude pour décembre et un chômage qui a triplé, et frole les 14%. Une agence de notation qui dégrade la capacité d'emprunt du pays…«Chaque jour, c'est une mauvaise nouvelle. Puis une nouvelle encore pire le lendemain, résume Jimmy Kelly, secrétaire général du syndicat Unite. Mais le pire n'est jamais sûr. Ou plutôt si : il est devant nous.»

Comment l'Irlande, ex-championne d'Europe de la richesse par habitant, en est arrivée là ? «Le modèle de développement irlandais nous a conduits dans le mur, souffle Fintan O'Toole. Parce qu'il est le fruit vénéneux, mélange d'un cocktail létal d'une idéologie libérale sans frein e