Les marchés financiers sont efficients
Elle figure en tête d'affiche des dix fausses évidences pointées dans le manifeste. Elle est au cœur, selon ses détracteurs, d'un système qui s'est imposé depuis un peu plus d'une trentaine d'années. «C'est grâce à l'hypothèse d'efficience informationnelle des marchés financiers et de sa pseudo-justification théorique qu'une mutation économique et financière a été possible», explique André Orléan.
Les marchés financiers seraient capables (comme l’affirme la théorie) d’intégrer toutes les informations. En clair : le prix d’un actif (actions, obligations, biens immobiliers…) reflète et intègre toutes les informations passées, présentes et à venir relatives à cet actif. Certes, les prix peuvent fluctuer, mais toujours autour d’un niveau d’équilibre autour duquel oscillent l’offre et la demande. Or, l’erreur majeure a consisté à transposer aux produits financiers la théorie habituelle des marchés des biens ordinaires. Sur ces derniers, la concurrence produit des «forces de rappel» lorsque les prix ont tendance à s’éloigner du prix d’équilibre. Rien à voir avec la réalité des marchés financiers où, lorsque les prix augmentent, il est fréquent d’observer non pas une baisse mais une hausse de la demande. En fait, la hausse du prix est souvent le signe d’un rendement accru pour ceux qui possèdent des titres. Résultat : tout le monde veut en être. Jusqu’à amorcer la pompe à spéculer. Jusqu’au moment où certains se disent : «La déconnexion entre prix et réalité économique est