Et si le scénario rêvé par Nicolas Sarkozy dérapait ? Et si, au lieu d’un mouvement bref et symbolique contre «sa» réforme des retraites, la contestation se radicalisait avec des transports publics bloqués, la jeunesse dans la rue et une France paralysée par les pénuries d’essence ? Jugée encore irréaliste il y a à peine une semaine, cette hypothèse est maintenant étudiée de très près au sommet de l’Etat.
Jusqu'à présent, et en dépit des manifestations d'envergure, l'Elysée se montrait confiant. Dans l'Yonne, le 30 septembre, Sarkozy présentait même la réforme comme déjà faite : «Quand la réforme sera passée, les Français se diront : "On n'a pas de soucis à se faire pour les retraites"», lançait-il, lors d'une table ronde sur la ruralité. Il y a encore une semaine, le chef de l'Etat se laissait même aller, en petit comité, à souhaiter une opposition à sa réforme suffisamment forte pour qu'il puisse en faire un argument de campagne. «Je suis un président responsable qui a réussi à imposer une réforme impopulaire», se préparait-il à dire à son électorat.
Manipulation. Mais depuis jeudi, et les premiers mouvements autonomes de lycéens, c'est l'alerte rouge. «On regarde très attentivement la forme que prend le mouvement», admettait hier un conseiller de Sarkozy. L'expérience le prouve : qui dit jeune dans la rue dit retrait attendu du projet de loi. De la réforme Devaquet, en 1986, au contrat première embauche (CPE) de 2005, en passant p