Une situation préoccupante, mais pas alarmante. Tel était, vendredi, le constat dressé par les principaux responsables du secteur de l’énergie en France. Préoccupante car les douze raffineries du pays sont désormais en grève (lire page 7), les dépôts de carburant sont alternativement bloqués puis débloqués, les stations-service approvisionnées au petit bonheur et l’oléoduc desservant les aéroports d’Orly et Roissy à l’arrêt.
Quoi ? Pas alarmant, tout ça ? Pour l’instant, non. Deux mesures prises jeudi par le gouvernement ont rassuré les organisations pétrolières : l’usage des forces de l’ordre pour libérer les accès de certains dépôts, et l’autorisation donnée aux industriels et aux transporteurs de puiser dans les «stocks de réserve» gérés par les opérateurs pétroliers. Une manne strictement réglementée par les pouvoirs publics. Ces mesures repoussent le spectre de la pénurie d’essence, ces stocks permettant de répondre à la demande de carburant pendant une bonne dizaine de jours sur l’ensemble du territoire. Par ailleurs, le groupe Total, qui gère en France six raffineries sur douze et 20% des 12 522 stations-service, affirme être en train de s’organiser pour contourner les blocages en cours.
Malgré tout, la vitesse à laquelle ce secteur de l’énergie s’est enflammé sur la réforme des retraites pose des questions. Pourquoi est-il en première ligne ? La contestation de la réforme des retraites explique-t-elle, seule, l’ampleur de la mobilisation ? Ou n’est-il pas aussi lié au