«Vous avez cinq minutes pour dégager le site», annonce un policier à Laurent Martin, de la CGT cheminots de Montpellier. Il est 14 h 45, hier à Frontignan, dans l'Hérault. Sur la route qui mène à l'entrée du dépôt d'hydrocarbures liquides GDH, géré par la compagnie BP, six barrages de branchages, de planches et de pneus empêchent l'accès aux camions citernes depuis minuit. Toute la matinée, les militants ont attendu l'arrivée des forces de l'ordre. Ils sont environ 120. En face d'eux, un escadron entier de gendarmes mobiles, soit 70 hommes. «On n'a pas le rapport de force», admet Laurent Martin.
Barricades. La consigne est donnée de reculer. Quelques dizaines de militants, juchés sur la première barricade, entonnent l'Internationale. Lentement mais fermement, les gendarmes commencent à avancer. Quand ils sont presque à toucher les manifestants, ces derniers reculent, aux cris de «la retraite, elle est à nous!». Un barrage s'embrase. Une épaisse fumée noire coupe la route. A 15 h 15, les pompiers arrivent. L'accès est dégagé.
La décision de bloquer ce site stratégique, qui approvisionne en moyenne 200 camions citernes par jour, a été prise en assemblée générale, samedi. L'initiative est partie de la CGT cheminots de Sète et de Montpellier, rejointe par les cheminots de la CFDT, de FO et de SUD. En concertation avec eux, leurs camarades de Narbonne décidaient de bloquer au même moment les dépôts pétroliers de Port-La-Nouvelle