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Libération
Portrait

«Il faut monter des trucs qui bloquent»

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Fabien Villedieu. 33 ans, délégué du personnel à la SNCF, militant SUD rail, en grève depuis huit jours
publié le 20 octobre 2010 à 0h00

«Je perds 80 euros, par jour, je suis à mon huitième jour de grève. J'ai fini d'être gentil.» Fabien, 33 ans, yeux bleus, sang froid, dix ans de conduite à la SNCF, tient le porte-voix au démarrage de la manif, hier, place d'Italie à Paris, derrière la banderole de SUD rail. «Il faut que les gens qui viennent dans les manifs, ils partent avec la pêche.»«Moi, tellement je gueule, je dois bien perdre quinze minutes de vie !»

Ce matin, debout à 5 heures, métro à 5 h 30 - il habite à Marcadet-Poissonniers avec sa copine, à deux pas de Montmartre -, et à 6 heures, il tournait gare de Lyon : «On va voir les conducteurs dans leur rame, on tape au carreau et on cause pour les ramener dans le mouvement.»Fabien tend des chiffres précis griffonnés sur un bout de papier : 78% de grévistes chez les conducteurs de Melun (Seine-et-Marne), 73% à l'unité de Charolais (XIIe arrondissement de Paris)…

«Maintenant, il faut monter des actions.» Entendez «des vrais trucs qui bloquent». Mercredi, des camarades ont prévu d'aller occuper le port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Echange rapide avec Philippe Guiter, responsable SUD rail, à la gare Saint-Lazare : «Il faut qu'à la mairie de Paris, ils nous donnent des locaux.» Le défi de cette fin de semaine : trouver des lieux ouverts 24 heures sur 24 pour coordonner des actions. «Je crois qu'il y a un noyau de gens qui ne veulent pas lâcher. Il y en a un peu partout. Nous, le