Il campe les pieds sur le bitume. Regard aiguisé, accent déterminé, colère enracinée. «On ne bougera pas tant que tout ne sera pas remis à plat. Sarko joue le pourrissement ? On a le temps. On a la justice sociale avec nous et le soutien des Français.» Charles Foulard, 53 ans, a de la mémoire. Et plein d'espoir. «En 1995, en 2003, le rejet de la réforme était massif. Mais là, ça transcende tout.» Tout ? «Oui, la détestation montante de ce gouvernement clientéliste qui pratique des politiques pour un camp, du bouclier fiscal à la politique sécuritaire. Avec cette réforme des retraites abjecte au cœur du dispositif…»
Leader de la CGT chargé de la branche pétrole, «Charly», comme l'interpellent ses potes de la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne), est la cheville ouvrière de la pénurie de carburants. «Une paralysie jamais vue depuis 1968». Quand les appels à la grève de vingt-quatre heures étaient lancés, il les doublait. Quand la contestation guettait un second souffle, il a ranimé la flamme via le blocage des raffineries. Quand on lui parle «poussée de radicalité», il rétorque : «La radicalité, elle est à l'Elysée. Même Berlin a fait une réforme plus souple. Sarko et les patrons ne comprennent qu'un truc : la confrontation. Alors on bloque l'outil de production de ce capitalisme qui flambe comme jamais.»
C'est comme pompier, après ses gammes à Paris, qu'il débarque, en 1982, à la raffinerie de Grandpuits. Avant de gravi