Séquence inquiétante pour la majorité. Le rêve élyséen d’une réforme des retraites adoptée au forceps, permettant d’asseoir l’image d’un président courageux, est en passe de virer au cauchemar. Hier, et pour la sixième fois depuis la rentrée, les Français sont descendus massivement dans la rue. Une mobilisation équivalente au record du 12 octobre (3,5 millions) selon la CGT, un peu en baisse (1,1 million contre 1,2) d’après le ministère de l’Intérieur. Certaines villes comme Toulouse ou Rennes ont même connu leur plus forte participation depuis le début du mouvement.
A Paris, l’imposant cortège a défilé sans incident majeur, renforcé par des milliers de jeunes. Dès le matin, les lycéens se sont mobilisés, bloquant un nombre record d’établissements (379 selon l’Education nationale). Les perturbations continuaient également dans les raffineries, les aéroports ou à la SNCF. Le pays a même dû importer de l’électricité ces deux derniers jours pour faire face aux baisses de production liées aux grèves à EDF. La France s’enfonce dans la crise et 79 % des Français, selon notre sondage, exigent désormais du gouvernement qu’il renégocie son projet (lire page 3).
Hors jeu. Bref, le scénario dur vendu par les conseillers de l'Elysée à un Président très demandeur semble déraper. Pouvait-il en être autrement ? Quelle pièce espérait jouer Sarkozy en consignant la moitié des acteurs dans les loges ? Le jeu social a ses nuances, mais s'accommode mal du monologue. Or, depuis le