Mais qu’il est triste de voir les jeunes se préoccuper de leur retraite ! Depuis une semaine, cet argument a été avancé pour discréditer la mobilisation lycéenne. Il a rapidement remplacé celui de la manipulation, la majorité ayant assez vite compris qu’il était à la fois stupide et contre-productif. Celui d’une jeunesse désespérante parce que déjà vieille est tout aussi stupide. Certes, les organisations lycéennes ont distribué des «éléments de langage» pour critiquer les travers du projet gouvernemental. Mais est-ce vraiment l’essentiel ? Certainement pas. Cette génération a son avenir devant elle pour s’enflammer sur les futures réformes des retraites. C’est de leur présent dont parlent les lycéens qui défilent. Et du sentiment d’injustice qu’ils ressentent. Il s’est accentué sous les effets de la politique économique et sociale de Nicolas Sarkozy. Il a été dopé par la certitude qu’après la crise financière, rien de bien sérieux ne changera. Mais le malaise est antérieur, bien plus profond. L’injustice, les jeunes la vivent depuis belle lurette à l’école, puisque justement elle ne la répare plus. Ils la subissent dans leur quartier, quand il est ghettoïsé. L’accès à l’emploi ? Il est soumis au filtre d’une précarité de plus en plus longue. Idem pour l’accès au logement. Parler de génération sacrifiée est sans doute trop facile. Celle qui manifeste aujourd’hui a juste compris que le chemin pour devenir adulte est parsemé d’embûches. Passée la réforme des retraites, le
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