«C'est dur quand même.» C'est un pilier de la CGT qui parle. C'est dire si, parfois, derrière les éléments de langage de la «détermination contre une réforme injuste», les doutes émergent. Un matin froid et sec, ciel resplendissant au-dessus de l'aérienne cathédrale amiénoise et, au ras du sol, la justice des hommes. Les sociétés Attac et Auchan attaquent l'Union départementale de la CGT en raison du blocage de leurs entrepôts, pendant deux jours, dans la zone industrielle Nord d'Amiens. Dans cette ZI travaillent environ 10 000 salariés pour plusieurs sociétés du CAC 40. Une centaine de militants cégétistes passent un à un le portique du palais de justice, tenu par une boîte de sécurité privée.
«On votera». Plongée au milieu des blousons frappés d'autocollants rouges, avec pour question matinale : «Encore confiance dans la classe politique ?»«Mais plus que jamais ! s'étrangle Eric. Surtout à un moment où les règles du gaullisme sont bafouées, nous vivons dans un pays à droite de la droite.» Blandine et Roselyne viennent de la branche métallurgie, même coiffure, même manteau, et d'une voix : «C'est bientôt le code du travail qu'ils vont attaquer ! Alors, oui à la politique, on votera plutôt deux fois qu'une.» Stéphane, six jours de grève au compteur, travaille dans l'aéronautique : «Non je n'ai plus confiance dans les politiques, mais seulement dans le mouvement syndical. Je ne vois qu'un monde politiqu