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Libération
Reportage

A Ivry-sur-Seine, les éboueurs en grève entretiennent la flamme

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Le plus grand incinérateur d’Europe est à l’arrêt, bloqué depuis dix jours.
publié le 29 octobre 2010 à 0h00

L'endroit n'est pas très glamour. Le piquet de grève s'est installé dans le virage, surplombé par l'arche en béton du boulevard périphérique. Derrière, Paris. Deux fanions de la CGT pendouillent, plantés dans le dos d'un mannequin déguisé en «homme vert», l'emblème des éboueurs. Il fait froid, le ciel est gris. Régis, Fred, Kamel… éboueurs de la ville de Paris n'en ont cure. «Dites bien qu'on bloque depuis mardi !» s'exclame Régis. «Mardi de la semaine dernière. Ça va faire dix jours !» précise Greg, en se rapprochant du feu. Un foyer de grosses bûches flambe à même le trottoir. Ils sont une dizaine. Ils bloquent le «garage d'Ivry» de la ville de Paris : en clair, ils interdisent l'accès à la rampe qui permet aux camions-bennes de vider leurs déchets dans la cuve de l'incinérateur d'Ivry (Val-de-Marne).

Les deux hautes cheminées qui crachent d'ordinaire d'immenses panaches de vapeur d'eau, sont à l'arrêt. Nicolas désigne les camions verts alignés derrière la grille : «On a immobilisé trente bennes, pleines, et aussi des laveuses et des aspirateurs [des engins de nettoyage des trottoirs, ndlr]. Fred tend le doigt : «Là-dedans, ça fermente dur», à cause «du méthane qui monte». Mais «Paris, ajoute-t-il, n'est pas Marseille», où la grève des éboueurs a transformé la ville en déchetterie à ciel ouvert. En début de semaine, le piquet a donc laissé partir une dizaine de bennes pleines pour éviter qu'elle ne prennent feu. Sauf que