Au printemps 1992, alors qu'il se rend dans le sud de la Chine pour relancer la politique des grandes réformes, le vieux Deng Xiaoping demande qu'on lui explique l'utilité des «terres rares». Malgré ses 87 ans, le patriarche mesure très vite la taille de l'enjeu. Sûr de lui, il affirme: «Le Moyen-Orient a le pétrole… La Chine a les terres rares.»
Aucun substitut. Les terres rares ? Ce ne sont pas de lointaines contrées regorgeant de trésors en tous genres. Mais un groupe de 17 métaux aux propriétés chimiques irremplaçables. Des matériaux stratégiques nommés terbium, lanthane, yttrium, europium, samarium ou encore prométhium… Des particules non ferreuses qu'on retrouve dans les industries de haute technologie. Associé à d'autres éléments, le néodyme permet, par exemple, de réaliser des aimants pouvant convertir l'énergie électrique en énergie mécanique. Sans elle, pas de voitures hybrides, pas d'éoliennes. Le TGV de dernière génération, capable d'entraîner une rame à plus de 500 km/h, ne serait qu'une fiction sans les moteurs à aimants associant du samarium à du cobalt. Téléphones portables, iPod, fibre optique, batteries électriques, panneaux solaires, tous ces produits dépendent, pour leur fabrication, de terres rares.
Problème : non seulement on ne connaît aucun substitut à ces métaux, mais ils sont produits à 97% dans un seul pays, la Chine… Depuis une dizaine de jours, Tokyo dénonce un arrêt des exportations chinoises de terres rares vers le Japo