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«On voulait partir à 55, le patron n’a pas voulu»

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Chronique. Pour les seniors, chaque génération a son lot de difficultés :
publié le 30 octobre 2010 à 0h00

«Solidarité entre générations !» Une fois le cortège éparpillé et les braseros refroidis, les seniors pensent-ils vraiment qu'être jeune aujourd'hui est plus difficile qu'avant ? Roger, 73 ans, hausse les épaules, «petit, j'ai eu la guerre, on peut pas faire pire ! Un père prisonnier, une mère à la maison, on mangeait pas toujours. Pas d'argent, donc pas d'études après la troisième. Je suis rentré à la SNCF, mais je n'ai jamais trop aimé les grèves, genre un quart d'heure pour le Vietnam…» Roger, parti en retraite à 55 ans pour maladie, a un fils de 25 ans, «qui m'a oublié», devenu agent de sécurité avec bac + 2. «C'est sûr, le travail, c'est dur pour les jeunes.» Une sexagénaire : «Monsieur, J'ai mal aux vertèbres, je peux à peine rester debout, alors les retraites…»

Fonctionnaire à Amiens-métropole, Jean-Marc, 60 ans, est un peu tracassé pour ses enfants. «Avant c'est nous qui aidions nos parents, on leur donnait un peu de notre salaire. Maintenant c'est l'inverse.» Il a une fille de 31 ans, assistante sociale. Et un fils de 28 ans, «bac+3 de socio» qui enchaîne les petits boulots : serveur dans les stations de sports d'hiver, ouvrier aux vendanges. Jean-Marc, qui a commencé à bosser à 20 ans, lui paye son appartement, l'entend parler de «génération perdue».«Mais les jeunes ont du mal à rentrer dans le système. Avant c'était simple, travail-mariage-enfants. Maintenant c'est plus long, et puis, il y