Quelques-uns viennent en bleu de travail, ou avec le tee-shirt aux couleurs de leur employeur… A la soupe populaire de O Street, dans le nord-ouest de Washington, les affamés sont toujours plus nombreux, et certains des nouveaux habitués ont même un travail. John, par exemple, un gaillard pressé qui préfère ne pas donner son nom de famille : «Je travaille sur les chantiers de construction, explique-t-il. Mais, comme je ne suis pas syndiqué, je ne gagne que 10 dollars de l'heure. Et il n'y a pas tous les jours du boulot.» Il paie 600 dollars (426 euros) par mois pour un studio d'une pièce. «J'ai tout juste de quoi payer le loyer», résume-t-il. Ou George Walker, 30 ans, un autre de ces working poors, qu'on imaginerait plus volontiers sur un terrain de basket qu'à la soupe populaire : «J'ai un emploi dans un fast-food. Mais ils ne paient que le salaire minimum, 7 dollars de l'heure. Et je ne travaille qu'à mi-temps.» George avoue qu'il pourrait manger au fast-food où il travaille : «Mais ce sont des cochonneries, c'est meilleur ici.»
Même aux Etats-Unis, les pauvres ne sont pas totalement livrés à eux-mêmes. A Washington, l’association Some (So Others Might Eat, «pour que d’autres puissent manger»), qui gère la soupe populaire de O Street, propose aussi plusieurs foyers, de courte ou longue durée, une clinique, un centre d’entraînement à la reprise du travail, des cures de désintoxication pour les drogués, ou des éta