Pour Philippe Martin, professeur d’économie à Sciences-Po, le plan de sauvetage de l’Irlande n’est pas crédible.
Pourquoi estimez-vous qu’il fallait être plus radical envers les banques irlandaises ?
L’UE et le FMI auraient dû mettre en place un mécanisme de restructuration de la dette publique. Car le cas irlandais nous montre à quel point la frontière entre les dettes privées des banques et les dettes publiques de l’Etat est floue. Ce problème se retrouve d’ailleurs dans d’autres pays comme l’Espagne. La crise se traduit souvent par des Etats qui garantissent une partie des dettes des banques qui sont au bord du gouffre.
C’est le cas de l’Irlande ?
Oui, car le renflouement des banques irlandaises par Dublin a permis de sauver les banques, même si ces dernières seront mises à contribution, notamment en perdant une partie de leur valeur. Mais le prix à payer, c'est une hausse vertigineuse du déficit public irlandais. Du coup, la dette publique de ce pays augmente d'autant. La solution adoptée par l'UE et le FMI, et qui consiste à prêter de l'argent à l'Etat irlandais, est certes indispensable, mais elle ne résout pas le problème à l'horizon de deux ans.
Pourquoi ?
Parce qu’il n’existe pas de mécanismes de résolution pour sortir d’un niveau de dette qui est devenu insoutenable. Autrement dit, l’Irlande ne pourra pas honorer l’intégralité de sa dette publique. Contrairement au Royaume-Uni, l’Irlande n’a pas la possibilité de jouer sur la valeur de sa monnaie. Et pour cause : ce pays appartient à la zone euro. Sans croissance, il n’y aura pas de possibilité pour que l’Irlande rembourse s