C'est une fourmilière de futurs cerveaux en quête de point de chute. Dans les artères de l'auguste Trinity College, en cette journée de «forum de l'emploi», on se presse. Sakinah, 18 ans, deuxième année de «business et politique», a, elle, déjà décidé. Ce sera «Perth [en Australie] ou Londres». Elle assène, lapidaire : «Cette crise nous a montré que la cupidité était partout. Je suis déçue par mon pays. Je dois prendre l'air.» En Australie ? Ça tombe bien. Portable sur les genoux, Audrey, 21 ans, surfe sur l'Irish Echo, journal australien pour la communauté irlandaise. «Western Australia needs you», invite la chambre de commerce australienne. «Regardez, dit-elle, là-bas, au moins, on a un avenir. Pas ici : c'est mort.» Avec moins de 6% de chômeurs, loin des 14,1% de l'Irlande en septembre, le pays-continent cherche 500 000 travailleurs qualifiés. Quand l'Irlande, dont la population est la plus jeune d'Europe, exporte à nouveau sa matière grise. «La crise du Tigre celtique est un peu une aubaine pour nous, raconte l'un des recruteurs londoniens du cabinet d'audit et de conseil Deloitte. On est face à des jeunes bosseurs, enthousiastes, et avides de monnayer leur talent.»
Le pays se saigne. «Comme dans les années 50, quand des centaines de milliers d'Irlandais ont traversé la mer d'Irlande pour rejoindre le Royaume-Uni», rappelle Kieran Allen, sociologue à l'Université de Dublin. Ou à l'image des a