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Libération

Pour: «Sanctionner serait suicidaire»

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Olivier Pastré, Professeur d’économie à l’université Paris-VIII
publié le 23 novembre 2010 à 0h00

Professeur d’économie à l’université Paris-VIII, Olivier Pastré réfute l’idée de faire payer les banques.

Avec le plan de sauvetage irlandais, on a l’impression que les banques gagnent sur tous les tableaux…

On peut effectivement penser que «pile elles gagnent, face on perd». On ne peut pas être hostile à l’idée que les banques qui ont commis des dérives doivent contribuer à la remise à flot du système financier. Mais il faut le faire à un moment précis : lorsqu’on est sûr que la sanction n’aggravera pas la crise.

Vous êtes donc hostile à l’idée de mettre à contribution les banques ?

Le faire maintenant serait suicidaire. Cela reviendrait à dire que les banques allemandes ou suédoises doivent participer au sauvetage des banques irlandaises. Ce serait la meilleure façon de mettre à mal les systèmes financiers de ces deux pays, dont les banques détiennent des dizaines de milliards d’euros d’obligations émises pas des banques irlandaises. Faire payer ou pas les banques ne dépend que d’une chose : du diagnostic sur la crise. Si l’on pense que la crise est terminée, alors il faut faire payer les banques.

Ce n’est pas le cas ?

Non, nous sommes sur le fil du rasoir. La crise peut s’aggraver. Ceci dit, il faudra des règles plus contraignantes en cas d’accidents des banques. Je constate que les G20 n’ont fait quasiment aucun progrès en matière de régulation financière. Tout se jouera dans les mois à venir.

Avec un G20 sous présidence française ?

Oui. Soit la France parvient à édicter de nouvelles règles financières, soit il n’y aura pas la moindre prise de conscience des banques. Elles pourront alors continuer à agir en toute impunité. Enfin, faut-il rappeler que le financement des économies européennes dépend essenti