«Le terme de "faillite des Etats" ne veut rien dire. Cette expression est abusive, il n’y a pas de repreneur d’un pays à la barre d’un tribunal de commerce… Le seul mot qui a un sens est celui de la restructuration des dettes publiques d’un Etat. A bien y réfléchir, même si la proposition peut paraître séduisante, elle tourne le dos à tout ce qui a été le fondement de la construction européenne. Que nous disent les tenants de la mise en faillite ? Que les marchés financiers doivent mieux réguler, ou plutôt mieux informer. Dire aux investisseurs privés : "vous serez les comptables des problèmes engendrés par l’insolvabilité d’un Etat", c’est nous dire que les différences de taux entre les pays les plus vertueux et les moins vertueux seront le reflet exact de la différence des situations économiques de ces pays.
«Autrement dit, la Grèce aurait dû, à la veille de la crise de 2008, payer des taux nettement supérieurs à ceux des obligations allemandes, considérées comme la référence absolue. Or, les taux bas dont ont bénéficié des pays comme la Grèce, l’Irlande ou le Portugal pour lever de la dette devraient être considérés comme des subventions. Subventions qui ont permis de favoriser un rattrapage économique, même si il est vrai que l’un des effets pervers a été le gonflement des bulles immobilières, comme en Espagne et en Irlande.
«Si on prévoit un mécanisme de restructuration des dettes de ces pays, alors autant dire qu’on change de monde, on change le modèle de la construction