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Interview

«Mettre le privé à contribution»

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André Sapir, du centre de réflexion Bruegel, plaide en faveur d’un mécanisme européen de défaut afin de maîtriser les dettes de pays en extrême difficulté :
publié le 30 novembre 2010 à 0h00

«Il faut s’abstraire un moment de la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Faisons comme si nous étions en fin de crise. Plaçons-nous à l’horizon 2014 ou 2015, lorsque nous aurons tiré toutes les leçons de la crise que nous traversons. Il est évident que nous aurons alors besoin de mettre en place des mécanismes de prévention des crises. Mais il nous faudra aussi imaginer des dispositifs qui, en cas de problème, nous permettent d’y répondre. S’agissant de la prévention, il faudra pouvoir alerter les marchés qu’une restructuration de la dette est une éventualité. Plus précisément, celui qui achètera de la dette publique émise par un Etat devra incorporer dans son investissement cette possibilité de défaut partiel.

«Aujourd’hui, chaque obligation possède son propre contrat. Dans un futur proche, il faudrait pouvoir lui adjoindre une clause qui explique comment serait réalisée une restructuration des dettes. A la veille de la crise de 2008, la différence entre les taux des dettes allemandes et grecques était extrêmement faible. Ce qui ne reflétait absolument pas la réalité économique de la Grèce.

Si on dit, juridiquement, aux investisseurs "Attention, en cas d’insolvabilité d’un Etat, vous risquez de subir une perte", alors on peut espérer que les marchés soient plus exigeants, et en parallèle que les Etats soient, eux aussi, moins laxistes dans leur façon de s’endetter. Ceci dit, ne soyons pas naïfs : dans le cas de l’Irlande, ce type de mécanisme n’aurait pas empêché