[Ceci est la version longue de l'entretien avec Christine Lagarde, paru sous forme condensée dans l'édition papier du jeudi 2 décembre]
Vous nous dites que la crise est terminée vu que la France recrée des emplois depuis début 2010. Pourtant l’Europe est à feu et à sang depuis plusieurs jours. D’où vient alors votre optimisme?
D’abord je suis optimiste par tempérament. Au-delà, j’essaie surtout de m’attacher non pas à des mouvements erratiques, des humeurs mais à regarder les fondamentaux de nos économies, les marges de progression et les résultats obtenus. Quand je regarde notre paysage français, je vois des entreprises qui ont retrouvé le moral et l’envie d’investir comme l’expriment de manière tangible les indices sur le climat des affaires ou l’investissement. Cela donne au moins quelques indications sur les prochains mois. Je vois également un pays qui s’est remis à créer des emplois depuis le début de l’année et qui obtient les taux d’intérêt parmi les plus favorables d’Europe pour financer sa dette. Il y a certes mieux, comme l’Allemagne. Mais avec la Finlande et les Pays-Bas, la France se trouve tout de même dans le peloton de tête des pays les mieux notés par les marchés financiers. Et puis la croissance est repartie, 2% de rythme annuel si l’on se réfère a l’évolution sur les 4 derniers trimestres.
Pourtant, on n’a jamais eu autant l’impression de voir les Etats européens, comme des otages des marchés financi