Amorce d'une reprise, légère baisse du chômage, mais inquiétant déclin du commerce extérieur et nécessité d'innover pour assurer la compétitivité : c'est ce que l'on a retenu hier de la conférence de presse de Christine Lagarde, ministre de l'Economie, qui, dans la foulée, nous a accordé un entretien. Accueil courtois, volonté d'éclairer et de justifier sans démagogie ses positions dans un horizon résolument pragmatique. «Je suis l'arme au pied, dit-elle. Je travaille au jour le jour, il faut faire ce qu'il y a à faire.» Malgré le redécoupage de son ministère, elle nous assure que sa «boussole» demeure l'emploi qu'elle entend relancer en affinant toujours davantage la régulation des marchés.
Néanmoins, elle n'apaise pas vraiment nos inquiétudes relatives aux aspects sociaux et humains de la crise. Son langage présuppose en effet le cours du monde ordonné à des impératifs géo-économiques que seules de subtiles stratégies technocratiques seraient capables de contenir. Dans cette perspective, l'Etat se devrait d'anticiper les dérégulations pour pouvoir colmater au plus vite les dysfonctionnements dus à la quasi instantanéité du capitalisme financier, tel que les traders l'ont inauguré. Bref, la machine étatique aurait pour mission première et, en un sens, unique d'assurer un rééquilibrage qui ne serait qu'une affaire de temps - as we know : «Time is money» ! A moins qu'elle ne devienne l'otage des marchés.
«Réalités». A l'évide