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Libération

La «corporation tax», icône sacrée de l’Irlande

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Débattu à partir de demain à Dublin, le budget 2011 maintiendra un impôt très bas sur les sociétés.
publié le 6 décembre 2010 à 0h00

Annoncé il y a deux semaines, le nouveau plan de rigueur irlandais va être l'objet à partir de demain d'une intense bataille à la chambre basse du Parlement. Dans ce combat, le gouvernement, qui veut dégager 6 milliards d'euros d'économies dès l'an prochain pour ramener son déficit public à 9,1% du PIB (contre 32,3% aujourd'hui, un record absolu), ne pourra compter que sur une courte majorité de deux sièges. Si ce projet de budget va tailler comme jamais dans les prestations sociales et étendre l'impôt sur le revenu à une bonne partie des 50% d'Irlandais des classes moyennes et populaires qui n'en payaient pas, il ne touche pas à son taux d'impôt sur les sociétés, fixé à 12,5%, le plus bas de toute l'Union européenne après celui des pays baltes (10%). Pas touche à la corporation tax, icône irlandaise.

«Religion».«C'est le cœur de notre modèle, explique le très respecté Anton Murphy, professeur d'économie au Trinity College de Dublin, l'ADN de notre système. Si on y touche, l'Irlande ne se relèvera pas. Vous aurez beaucoup de mal ici à trouver des gens qui ne partagent pas notre "religion" d'une fiscalité basse sans laquelle cette île n'aurait jamais décollé.» Du Sinn Féin (gauche nationaliste) à la droite gouvernementale du Fianna Fail en passant par le Labour Party, les syndicats et même l'Eglise, toute l'Irlande ou presque défend cette corporation tax que le reste de l'Europe dénonce comme un dumping fiscal d'aut