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Libération

Régime martial pour les aiguilleurs espagnols

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publié le 10 décembre 2010 à 0h00

«On a dû faire face à une rébellion ouverte contre l'Etat de droit. Nous avons pris une mesure d'exception pour répondre à une situation d'exception.» C'est avec fermeté et solennité que José Luis Zapatero a justifié, hier, devant les députés nationaux, la «militarisation» du conflit social avec les 2 400 contrôleurs aériens. Samedi, début d'un pont (le 6 décembre, jour de la Constitution, est férié), en réaction à un décret réformant leur code du travail, les aiguilleurs du ciel avaient observé une grève sauvage ayant paralysé le trafic aérien pendant vingt-quatre heures - 5 000 vols annulés, 700 000 passagers abandonnés à leur sort et 500 millions d'euros de pertes pour le secteur touristique.

Le décret abaisse de 40% leurs émoluments qui, grâce à un système avantageux de primes et d'heures supplémentaires, demeurent exorbitants : le salaire moyen annuel passe de 330 000 euros à 200 000 euros, soit près de trois fois la rétribution du chef de l'exécutif. Face à ce défi, Zapatero n'avait pas eu froid aux yeux : pour la première fois depuis le retour de la démocratie, il a mis le pays en «état d'alerte général», ce que permet la constitution dès lors qu'un collectif bloque un service public. Dans la pratique, ces fonctionnaires ont été placés sous le régime martial : tous les jours, des militaires les obligent à occuper leur poste de travail. En cas de refus, ils sont passibles de peines de prison, dans le cadre du droit pénal militaire. Et