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Interview

«Le monde n’attend plus les Etats-Unis pour avancer»

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L’économiste Nicholas Stern pointe l’occasion manquée d’une «révolution verte» dans les pays du Nord depuis la crise financière.
Une action de militants de Greenpeace sur la plage de Cancun le 10 décembre 2010, pendant le sommet sur le climat. (© AFP Ronaldo Schemidt)
publié le 11 décembre 2010 à 0h00
(mis à jour le 11 décembre 2010 à 10h23)

Les 200 pays réunis à Cancún depuis onze jours se préparaient vendredi à une nuit blanche avec l’espoir d’aboutir ce matin à un compromis sur l’avenir à donner au protocole de Kyoto. Vice-président de la Banque mondiale, Nicholas Stern est professeur à la London School of Economics. En 2011, la France, qui préside le G20, lui a demandé de se pencher, aux côtés de Joseph Stiglitz, co-prix Nobel d’économie, sur l’aide aux pays du Sud.

Il y a deux ans, vous nous confiiez que la crise financière pouvait être une chance pour un modèle de développement axé sur une croissance verte. Or les négociations à Cancún patinent. Vous avez été trop optimiste ?

Cancún mêle des enjeux si imbriqués qui impliquent tellement de ministères… cela demande une impulsion qui vient du sommet de l’Etat. Or les pays riches n’ont pas tiré les bonnes conclusions de la crise. Trop conservateurs, ils s’en sont tenus aux vieilles solutions. Une erreur politique majeure. En revanche, beaucoup de grands pays émergents ont mis beaucoup de vert dans leurs plans de relance. La Corée du Sud a initié un plan de 35 milliards de dollars d’ici à 2015, principalement sur les nouvelles technologies décarbonées. Et le nouveau plan quinquennal de la Chine, pour lequel j’ai été consulté par les autorités, sera aussi très volontariste puisqu’il a deux axes majeurs : l’expansion de la consommation intérieure et la croissance verte.

Mais quelle est la magnitude des changements en Chine ?

Elle est remarquable. Dans son futur plan, Pékin va établir d’ici trois ou quatre ans un marché domestique du carbone pour se conformer à ses ambitions de réduire son intensité énergétique. Bien sûr, la Chine est la première émettrice mondiale de gaz à effet de serre, mais elle s’attaque au problème. Elle s’ass