Sharan Burrow (photo ci-contre) est secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale. Présente à Cancún à la conférence sur le climat, elle bataille pour de vrais plans de relance verte. Elle revient, pour
Libération,
sur les conséquences de la crise sur le monde du travail et fustige la
«capitulation»
des gouvernements
«face aux marchés»
.
Il y a deux ans, on vantait l’économie verte telle une clé anticrise. C’est devenu un mirage…
Ces attentes n’ont pas disparu pour les syndicats. Investir dans l’économie verte est un levier de croissance indispensable. Mais on vit le manque de volonté des gouvernements comme une frustration incroyable. La crise a coûté 220 millions d’emplois dans le monde. Et 45 millions de jeunes vont intégrer le marché du travail chaque année dans les dix ans. C’est un problème politique, un enjeu économique, et aussi un désastre social. La solution passe par des vrais plans de relance, axés sur l’économie du futur, une vraie politique de l’emploi. Pas des coupes budgétaires radicales…
Les plans de rigueur se généralisent, mais les protestations restent très faibles dans le monde…
La colère et l’exaspération gonflent. Et on va en avoir la démonstration en 2011. Les gouvernements sont tétanisés par les marchés. Ils font trop peu, trop tard… L’activisme pousse, les mouvements étudiants au Royaume-Uni ou en Italie en attestent. Et les syndicats connaissent un regain d’adhésion réel.
Les appels à reformer le capitalisme sont-ils restés lettre morte ?
Et comment ! Les marchés demandent de réduire les déficits ? Les gouvernements s'y plient. Ils veulent des mesures d'austérité sur fond d'impunité totale des financiers qui ont déclenché la crise ? Les Etats en rajoutent. C'est un