L’Etablissement de retraite additionnelle de la fonction publique (l’Erafp) investit 100% de ses disponibilités dans les fonds ISR (investissements socialement responsables). Avec 10 milliards d’euros d’actifs gérés, c’est même le plus gros investisseur «responsable». Entretien avec Philippe Desfossé, son directeur général.
Pourquoi cette fascination pour l’investissement socialement responsable (ISR) ?
Nous avons une particularité rare. Nous sommes un investisseur de très long terme ! Aujourd’hui, quand un fonctionnaire cotise à notre fonds, le régime s’engage à lui rendre son argent sous la forme d’une retraite. Supposons qu’il cotise pendant toute sa carrière, soit quarante ans, l’Erafp peut ensuite être amené à lui servir une rente pendant une trentaine d’années - et c’est tout le bien que je lui souhaite. Mon engagement envers cette personne peut donc durer soixante-dix ans. C’est ce qu’on appelle un engagement de long terme. Comme l’Erafp a été créé tout récemment, il verse pour l’instant très peu de retraites - il a commencé à en servir quelques-unes l’an dernier -, alors que nous avons 4,6 millions de cotisants. Pour l’heure, il encaisse essentiellement des cotisations. Nous devons donc placer ces fonds de façon prudente, c’est-à-dire de manière responsable. Nous n’allons pas chercher à maximiser les rendements à court terme, mais à en assurer la soutenabilité dans le temps. C’est facile d’avoir des rendements élevés si on les injecte dans une entreprise qui gonfle ses profits immédiats en taillant dans ses investissements, en payant ses salariés