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Libération

Les ruées antisyndicales précoces de Servier

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publié le 29 décembre 2010 à 0h00
(mis à jour le 29 décembre 2010 à 16h53)

Les langues commencent à se délier autour de Servier. Après avoir lu l'enquête publiée la semaine dernière par Libération sur le labo pharmaceutique, un ex-salarié a tenu à témoigner sur les méthodes de management radicales du fondateur et dirigeant du producteur du Mediator. Gérard Lenormant, agent de maîtrise aujourd'hui à la retraite, a ainsi été licencié en janvier 1969 en… cinq minutes. «La direction m'a convoqué le 20 janvier au soir pour m'informer que je n'avais pas besoin de revenir le lendemain.»Cet Orléanais discret se sent alors contraint de quitter la région. «Des années plus tard, un élu de la chambre de commerce m'a conforté dans mon appréhension, m'indiquant que mon nom figurait sur une liste noire patronale.»

Au moment de son licenciement expéditif, officiellement pour «réorganisation d'entreprise», Lenormant trouve un soutien : Claudius Pralus, le directeur général du groupe Servier pour Orléans. Ce dernier est alors convoqué par sa direction. Et remercié sur le champ. «Pas question de garder M. Lenormant. M. Servier a appris de source sûre qu'il est militant syndicaliste», lui aurait expliqué la secrétaire générale du personnel. C'est que, chez Servier, toute activité syndicale est prohibée. Le jeune agent de maîtrise de l'époque, en effet affilié à la CFDT, aura tenu trois ans chez Servier sans avoir la moindre activité syndicale. Il aura même résisté à la tentation de s'illustrer en mai 68. «S'il y a une c