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Libération

Un long courrier pour la sonde Pitot

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Crash du Rio-Paris. Airbus a tenté de convaincre une agence américaine de la sécurité de l’instrument.
publié le 4 janvier 2011 à 0h00

Le crash du vol Rio-Paris d'Air France et ses 228 morts rend Airbus nerveux. Le constructeur de l'A330 qui s'est abîmé en mer a en effet tenté d'influencer l'agence américaine en charge du transport aérien (FAA) pour minimiser la gravité de la défaillance des sondes Pitot de mesure de vitesse mises en cause dans l'accident. C'est ce que montre un courrier d'Airbus passé inaperçu à l'époque, et que Libération a retrouvé sur le site de la FAA.

«Unsafe». Nous sommes le 10 août 2009, un mois et demi après le crash. L'Agence européenne de sécurité aérienne (EASA) interdit les sondes Pitot AA de Thales sur tous les A330. Officiellement, c'est une simple mesure de «précaution». Plutôt étrange quand on sait qu'une telle interdiction a pour but - c'est la loi qui le dit - de corriger une «situation dangereuse» («unsafe condition»). Chargée d'appliquer l'interdiction des sondes sur le sol américain, la FAA enfonce le clou : pour elle, le givrage des sondes à haute altitude est bien une «unsafe condition», car elle provoque plusieurs défaillances des systèmes d'aide au pilotage qui peuvent provoquer «une hausse importante de la charge de travail des pilotes» et «un contrôle réduit de l'appareil [par l'équipage]».

C'est alors qu'Airbus prend la plume pour tenter de convaincre la FAA du contraire. Dans un courrier du 4 septembre 2009, un cadre d'Airbus en charge de l'«intégrité des produits» propose une version