Tout juste débarqué de New York hier après-midi, Joseph Stiglitz (1), prix Nobel d'économie en 2001, s'est confié à Libération.
Pensez-vous que la survie de l’euro se jouera en 2011 ?
Le péril demeure. L’incertitude reste la même qu’il y a six mois. On savait alors que l’Irlande allait connaître une crise violente. On savait que les réformes indispensables pour la viabilité à long terme de la zone euro devaient être réalisées. On savait ainsi qu’il lui fallait renforcer des fondations fiscales plus larges et cohérentes pour porter assistance à des pays en difficulté… Malheureusement, le fonds de stabilité, bien qu’essentiel, n’est pas à la hauteur des enjeux : ce n’est qu’un palliatif temporaire pour les petits pays attaqués. L’Espagne a eu la chance d’entrer dans la crise avec un excédent budgétaire et un faible pourcentage de dette par rapport à son produit intérieur brut. L’Italie, très endettée, a pu limiter son déficit budgétaire. Mais tout cela est précaire. Si l’Europe s’affaiblit encore, l’étau se resserrera. Et l’anxiété grandira sur leurs possibilités de faire face à leurs dettes…
Un pays comme la France peut-il se retrouver sur le gril ?
Pour l’instant, c’est de la pure spéculation. Les marchés aiment s’attaquer aux plus faibles. Ils peuvent créer d’énormes perturbations avec peu d’argent…
Qu’est-ce qui vous alarme le plus ?
La voie de l’austérité choisie par l’Europe, sous la pression des marchés. Elle va retarder la sortie de crise, affaiblir les maillons les plus vulnérables de la zone euro et de l’Union européenne.
Loin des coups de menton des Etats, les marchés dictent la marche à suivre ?
En 2009, il y a eu une amorce de réponse globale coordonnée, vite démentie en 2010. Les d