Pour Jacques Servier, le Mediator, c'est trois morts, pas plus. Mardi, le patron des laboratoires français, 88 ans, a présenté ses vœux à ses troupes, réunies dans la grande salle de l'ancien siège du groupe, 22, rue Garnier, à Neuilly (Hauts-de-Seine). Alors que le laboratoire fait face au plus gros scandale de son histoire, le «docteur Servier» a resserré les rangs, dénoncé des attaques «mafieuses» contre le groupe, et lancé la riposte. L'essentiel de sa contre-attaque tient en un chiffre : trois, comme le nombre de victimes du Mediator.
Rien à voir, donc, avec les évaluations citées jusqu'à présent : 500, selon le travail de l'épidémiologiste Catherine Hill (lire ci-contre), voire jusqu'à 2 000, selon deux autres chercheurs de l'Inserm, Mahmoud Zureik, directeur de recherche, et Agnès Fournier, épidémiologiste. Dans sa seule sortie médiatique depuis le début de l'affaire du Mediator, une interview au Monde accordée mi-novembre, Jacques Servier s'était déjà dit « sidéré et stupéfait» par les chiffres de décès évoqués dans les études. Le 21 décembre, dans une lettre envoyée à tous les médecins de France, le docteur Daniel Molle, médecin salarié du laboratoire, avait réitéré ces doutes face à des «hypothèses» et des «extrapolations». Mais le laboratoire ne s'était jamais encore risqué à y opposer un chiffre. C'est chose faite : «500 est un très beau chiffre marketing, mais il ne s'agit que de 3 morts. Les autres avaient déjà des valvulo