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Libération
Interview

«Outre-Rhin, on cultive son avantage dans l’industrie et l’exportation»

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Lionel Fontagné, professeur à l’Ecole d’économie de Paris :
publié le 7 janvier 2011 à 0h00

Spécialiste des questions de compétitivité et de commerce international, Lionel Fontagné est professeur à l’université Paris-I.

L’Allemagne peut-elle être érigée en modèle pour la France ?

Le regard porté sur l’Allemagne est fondé sur deux erreurs d’appréciation. La première consiste à sous-estimer l’effet de rattrapage : en réalité si l’Allemagne a gagné en compétitivité par rapport à la France, ceci ne fait que compenser les pertes enregistrées après la réunification du début des années 90. La seconde, c’est penser que les Allemands se sont, à partir de 2005, engagés dans une politique de modération salariale.

Ce n’est pas la réalité ?

Non. En fait, la modération salariale date de 2000. Mais au départ, cela s’est fait tout en réalisant moins de gains de productivité que la France. Autrement dit, ce que les entreprises gagnaient sur les salaires était «mangé» par un manque de productivité. Mais à partir de 2004, ils ont maintenu cette modération salariale alors qu’ils avaient retrouvé une productivité du travail similaire à celle de la France.

En quoi le modèle Allemand est-il différent ?

En pleine crise, les Allemands ont fait le choix de maintenir l’emploi. Résultat, entre 2008 et 2009, l’effondrement de la productivité du travail a été spectaculaire dans l’industrie. Ce coût à été supporté par les entreprises et par des dispositifs d’aide. On y retrouve la spécificité d’un dialogue social plus facile.

Un modèle pour la France ?

Ne soyons pas naïfs. Ce dialogue aboutissant à la modération salariale s'est fait sous la pression des délocalisations. Les détracteurs du modèle allemand soulignent que les exportations, moteur de la croiss