Menu
Libération

Les marchés jouent la rumeur, Lisbonne rumine

Article réservé aux abonnés
Dette . Une source anonyme, citée par Reuters et faisant état d’un appel du Portugal à l’aide européenne, a fait flamber les taux.
par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant
publié le 12 janvier 2011 à 0h00

La guerre que mène la zone euro contre les marchés financiers pour sauver sa monnaie est aussi une guerre de l’information, ou plutôt de la désinformation. Tous les coups sont permis, et tant pis si la déontologie journalistique fait partie des dommages collatéraux.

Dernier exemple en date : les «rumeurs», d'abord rapportées par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, avant d'être reprises par l'agence de presse anglo-saxonne Reuters, faisant état de pressions de plusieurs pays de la zone euro, et notamment de l'Allemagne et de la France, sur un Portugal budgétairement fragilisé afin qu'il fasse appel à l'aide européenne sans attendre d'y être contraint. L'effet a été immédiat : les taux d'intérêt sur la dette portugaise se sont envolés, obligeant la Banque centrale européenne (BCE) à racheter de la dette portugaise afin de stabiliser les cours… L'émission que doit faire aujourd'hui Lisbonne s'annonce donc périlleuse.

Pressions. Tout commence samedi. Der Spiegel publie un article qui affirme, sans citer de sources, que «des experts gouvernementaux» allemands et français s'attendent à ce que le Portugal ne puisse bientôt plus se financer sur les marchés, comme cela a été le cas pour la Grèce et l'Irlande, et qu'ils recommandent qu'il se place sous assistance européenne afin d'éviter la contagion à l'Espagne et à la Belgique.

Dimanche soir, une dépêche Reuters, émise à Bruxelles, rebondit sur cette information sans citer nommément l'hebdom