La direction de Renault s'est enfin décidée. En plus d'une procédure de licenciement pour faute lourde, entamée hier contre trois de ses cadres qu'elle accuse d'espionnage au profit «d'intérêts situés à l'étranger», elle a annoncé son intention de porter l'affaire au pénal. Une plainte devrait être déposée aujourd'hui.
Ce faisant, le constructeur coupe court à un malaise grandissant. Alerté depuis six mois par une dénonciation interne, il a mené sa propre enquête, confiée à des détectives privés - les fameux cabinets d’intelligence économique -, dans la plus parfaite discrétion et sans grand respect du contradictoire ou de la présomption d’innocence. Une enquête privée qui aurait mis en évidence le versement de plusieurs centaines de milliers d’euros au profit de deux des trois cadres sur des comptes bancaires en Suisse et au Liechtenstein.
Pénal. Néanmoins, seule une enquête pénale, conduite par des magistrats, permettra à chacun de défendre son point de vue et son bon droit. Dans le précédent de l'affaire Michelin (lire ci-contre), le fabricant de pneumatiques avait également mené son enquête privée durant quatre mois, avant de décider de porter plainte contre un ex-ingénieur indélicat, le fond du dossier se réduisant alors à peau de chagrin.
Les politiques, de leurs côtés, rivalisent de déclarations martiales. François Baroin, porte-parole du gouvernement, hier sur Europe 1 : «Renault, comme d'autres, est victime d'une guerre économique.» L