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Libération

De Goldman Sachs à Servier, l’emprise du lobbying

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publié le 18 janvier 2011 à 0h00

Que ce soit dans le secteur bancaire ou pharmaceutique, la capacité des grands groupes à infiltrer les cercles de décision des gouvernements n'est plus à démontrer. Ainsi Barack Obama vient de nommer à la tête de ses conseillers économiques Gene Sperling, le même qui avait perçu, en 2008, près de 900 000 dollars[673 000 euros] de Goldman Sachs. Ainsi on apprend que plusieurs membres des cabinets des ministres de la Santé français ont été, à diverses reprises, rétribués par Servier. Ces puissantes entreprises opèrent sur des marchés dont la régulation est ancienne, légitime, mais prend des formes diverses plus ou moins contraignantes, que le pouvoir des lobbies tente d'alléger ou d'infléchir à son profit. Les stratégies sont variées. Certaines sont brutales. Un ami médecin me confiait avoir accompagné jadis aux Etats-Unis le patron d'un groupe pharmaceutique qui cherchait à obtenir l'autorisation d'y vendre l'un de ses médicaments phares, déjà autorisé en France à l'époque. Ne parvenant pas à convaincre le régulateur américain, il s'était étonné de ces obstacles, en confiant qu'en France, une caisse de Dom Pérignon finissait toujours par venir à bout de telles réticences.

Au-delà de l’infiltration des réseaux du pouvoir lui-même, la corruption touche aussi les contre-pouvoirs potentiels, surtout ceux du monde académique. Les experts pouvant être appelés à donner un avis au cours d’un processus de décision publique, ou ceux qui se manifestent régulièrement dans l’opini