Un accès de fièvre sur les marchés agricoles, et c’est le spectre de la faim qui ressurgit. L’aveuglement au désastre aura duré deux ans, depuis ce début de 2008, lorsque l’Egypte, le Maroc, l’Indonésie, les Philippines, Haïti, le Nigeria, le Mozambique ou encore le Burkina Faso s’enfoncent dans le chaos des émeutes de la faim. Deux années de récoltes abondantes, en 2008 et 2009, auront suffi à faire oublier ces soulèvements. En témoigne, malgré le milliard d’êtres humains qui crie famine, le désintérêt des dirigeants des pays du G8 pour le sommet consacré à l’alimentation mondiale par la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, qui s’est tenue en novembre à Rome : aucun n’a fait le déplacement.
Pourtant, les voyants annonçant une nouvelle hécatombe alimentaire s'allument inexorablement les uns après les autres. «Nous revoilà à la case départ. Celle de 2008, avec des populations qui ne peuvent plus se nourrir correctement», prévient Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation. Blé, maïs, café, sucre, huile de palme… La plupart des matières premières agricoles voient leurs cours s'envoler. Le blé a plus que doublé depuis la fin juin, il se rapproche de son plus haut historique de 300 euros la tonne, atteint pendant l'été 2008. La hausse s'est accéléré l'été dernier, comme si les opérateurs sur les marchés de Chicago et de Londres achetaient par peur de manquer. Ou comme s'ils pari