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Enquête

Espionnage : des doutes sur la thèse de Renault

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Méthode d’enquête, sommes en jeu… Les accusations du constructeur contre trois cadres soupçonnés d’avoir vendu des données confidentielles sont entourées de zones d’ombre.
publié le 21 janvier 2011 à 0h00

Comme un mauvais polar. Plus de deux semaines après la révélation de l'affaire d'espionnage présumé chez Renault, les premiers et rares éléments révélés laissent perplexe. Tout comme les conditions de l'enquête privée menée par le constructeur, qui l'a conduit à licencier trois cadres - Michel Balthazard, Bertrand Rochette et Matthieu Tenenbaum (lire ci-dessous) -, puis à porter plainte contre X pour espionnage industriel au profit d'une puissance étrangère (potentiellement la Chine), au sujet de son programme de voiture électrique. Outre les dénégations des intéressés, qui ont porté plainte pour diffamation ou dénonciation calomnieuse, l'absence de preuves conduit à s'interroger sur la thèse du constructeur. «La version officielle ne tient pas la route, explique ainsi un grand patron du CAC 40. Rien n'est crédible dans cette histoire, qui doit cacher quelque chose d'autre.» Au sein du gouvernement, on se pose aussi«beaucoup de questions» : «Si Renault a découvert une filière organisée d'espionnage international, pourquoi l'a-t-il gardé pour lui si longtemps sans prévenir les services de renseignements ?» Dans le milieu de l'intelligence économique, «on est dans l'expectative», glisse un professionnel. «Et si l'enquête a été confiée à un [détective] privé seul, on peut craindre le pire.» Sans insulter l'avenir - les enquêtes judiciaires permettront peut-être d'y voir plus clair -, passage en revue des sujets qui fâchent.

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