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Libération
Interview

«Les classes modestes et moyennes paient trop»

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Thomas Piketty, professeur à l’Ecole de l’économie de Paris, est l’un des trois auteurs de «Pour une révolution fiscale».
publié le 21 janvier 2011 à 0h00

Mercredi, Thomas Piketty nous recevait dans son petit bureau de l’Ecole de l’économie de Paris. Le jour du lancement de son site www.revolution-fiscale.fr.

Comment est née l’idée de vendre une réforme de la fiscalité française clés en main aux politiques?

C’est d’abord le parcours politique d’un chercheur et d’un citoyen déprimé par l’incapacité de la gauche française depuis dix ans à se doter d’une base programmatique solide lui permettant de gagner des élections. Un citoyen également déprimé par l’injustice fiscale qui caractérise ce gouvernement. Or ce sujet me semble être une grandes questions que pose le sarkozysme. Car si notre système fiscal n’a jamais été juste, la majorité élue en 2007 l’a aggravé en rajoutant des couches de privilèges pour les plus riches. Notre livre vise à forcer les politiques à s’emparer du sujet et à dire ce qu’ils feront s’ils sont élus. Il est clair que nous nous situons dans la perspective de 2012.

Pourquoi ce site Internet de simulation des réformes fiscales?

L’idée est de tout mettre sur la table et de permettre à chaque citoyen de se faire une idée. Et de faire vivre le débat. Même les parlementaires n’ont pas accès à des données leur permettant d’expertiser certains de leurs dispositifs fiscaux. Ils doivent en référer aux services de Bercy, qui la plupart du temps enterrent leurs demandes. Ce site est, à ma connaissance, une première mondiale. Il est inséparable du livre, mais il aura une durée de vie bien plus importante.

Votre diagnostic sur l’évolution de notre système fiscal est accablant.

Il est tellement illisible, tellement peu transparent, et suscite tellement la défiance des Français qu’à terme cela pourrait déboucher sur des révoltes fiscales. Son degré de co