Ça s'oubliera», répète, comme pour mieux s'en convaincre, cette productrice de truffes de Grignan, dans le sud de la Drôme. «Ça», c'est la mort d'Ernest Pardo, père de famille de 43 ans, abattu de deux balles de fusil à pompe, le 20 décembre 2010, dans un champ truffier par un agriculteur-trufficulteur de 32 ans, qui le soupçonnait de venir lui voler quelques-unes de ses si précieuses pépites. Le cultivateur a été mis en examen pour assassinat et écroué. Au lendemain de la mort d'Ernest Pardo, les autres propriétaires récoltants s'étaient rassemblés dans les rues de Grignan pour témoigner de leur solidarité avec le trufficulteur et dénoncer la recrudescence des vols dans la région. Un groupe de soutien a aussi été créé sur Facebook qui compte un millier de membres.
Un mois plus tard, sur le marché aux truffes de Richerenches, dans le nord du Vaucluse, où se négocient chaque samedi, les deux tiers de la production française, les langues ne sont guère plus charitables sur le funeste sort d'Ernest Pardo. Le milieu de la rabasse (la truffe, en provençal) préfère rappeler que l'homme était connu comme «voleur patenté». Les trufficulteurs racontent qu'ils l'appelaient entre eux «Grands Pieds», à cause d'empreintes de pointure 45 qu'il aurait laissées sur les terres calcaires des truffières. «Les gens d'ici en ont marre d'être volés. Ils sont exaspérés. Ça devait arriver», soupire Bernard Mure, représentant d'une des plus anciennes famill