«Je touche 466 euros avec le RSA. Je suis à la rue. Mon portable, c’est plus que vital. C’est comme ça que je trouve un logement pour dormir. Là, j’attends un appel du 115. Ils vont me dire s’il y a une chambre disponible pour ce soir. Je n’ai plus de logement depuis le 23 mars, ça fait un an. Mise dehors pour un retard de loyer. Quand vous n’avez plus de domicile, vous n’êtes nulle part. Plus personne ne peut vous joindre, vous envoyer des courriers…
«C'est pour ça que je tiens au mobile, c'est tout ce qui me rattache à mes amis, et à Claire d'ATD-Quart monde. Si je perds mon numéro, c'est comme si je disparaissais. Quand mon mobile s'est cassé, mes amis se sont cotisés. Comme c'est cher, ils sont allés à Paris, à Barbès. Ils en ont trouvé un avec une puce. En boutique, c'est inabordable. Je recharge mon téléphone avec des cartes. Je suis chez Orange. J'en mets pour 10 euros, ça fait quinze minutes d'appels vers les mobiles. J'essaie de ne pas dépasser 10 euros dans le mois. Autrement, j'utilise les taxiphones [boutiques de téléphonie, ndlr]. Je laisse sonner une fois et on me rappelle. Je fais la même chose avec le mobile.
«En plus, il faut payer Internet. Je vais dans les cybercafés. J’en achète pour trente minutes, à 50 centimes d’euros. C’est pour répondre aux annonces, envoyer mon CV. Le choix pour moi, il est simple. Soit j’appelle un peu les amis, je les garde mais je dépense mon crédit. Soit j’essaie de sortir de ma situation, et de décrocher un boulot. C’est