La maison Hermès est entrée en résistance. Les déclarations gentillhommesques ponctuant l'irruption de LVMH à son tour de table, fin octobre, n'ont plus court. Inutile de prier Bernard Arnault, invité «non désiré» au capital du célèbre sellier- maroquinier, de«se retirer». Difficile de tenir rigueur au PDG du leader mondial du luxe d'exploiter les failles d'un marché auquel les héritiers d'Hermès se sont eux-mêmes livrés depuis 1993 pour convenance personnelle. «Nous sommes entrés en Bourse pour donner un prix aux titres Hermès, pour faciliter les transactions quand certains actionnaires étaient obligés de vendre, confesse Bertrand Puech, président du conseil de surveillance de l'associé commandité d'Hermès. L'entreprise allait bien, mais la famille grandissait… Nous n'aurions peut-être pas dû.» Des regrets trop tardifs pour être opposables aux investisseurs. «Sur le marché, Hermès a toujours été considéré comme une cible très convoitée, précise un gérant de fonds, Arnault a été borderline mais habile.» Pris au piège du capitalisme, les dirigeants de l'assiégé abattent alors une improbable carte, venant d'une entreprise mondialisée dont la marge flirte avec les 30% : l'irréductibilité - mieux, la supériorité - de leur culture interne sur la logique financière. «Cette maison n'est pas une entreprise de luxe mais un artisan créatif, obsédé par l'exception de l'objet et le savoir-faire unique. On ne parle pas d'argent ici, ou trè
Enquête
Hermès-LVMH : le choc des cultures
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par Nathalie Raulin
publié le 29 janvier 2011 à 0h00
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