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Libération

Le chômage de masse s’incruste en Espagne

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Social . Le pays craint une fuite des cerveaux alors que le taux de demandeurs d’emploi dépasse 20%.
par Elodie Cuzin, A Madrid, correspondance
publié le 29 janvier 2011 à 0h00

L'accalmie n'aura duré qu'un trimestre. Le taux de chômage en Espagne a repassé la barre des 20% fin 2010, avec 4,7 millions de demandeurs d'emplois. Un record depuis 1997. «Des chiffres typiques d'un quatrième trimestre», lorsque des moteurs de l'économie comme le tourisme ralentissent, a expliqué le ministre du Travail, Valeriano Gómez. «L'emploi commencera à remonter au deuxième trimestre.»

Les effets de la réforme du marché du travail adoptée en juin peinent pourtant à se faire sentir alors que le pays vient de boucler la quatrième année consécutive de hausse du chômage. Le taux d'à peine 8% affiché en 2007 paraît loin. Surtout aux 1,3 million de foyers où plus personne ne travaille. Chez les jeunes, la saignée est profonde : 42,8% de chômeurs, soit 840 000 moins de 25 ans. Un «taux insoutenable à long terme» pour le président du forum de Davos, Klaus Schwab, qui, dans la Tribune, évoque l'éventualité d'une «guerre des générations».

Et dans les rues espagnoles aujourd'hui ? Rien, ou pas grand-chose depuis la grève générale de septembre. L'absence de révolte s'explique en partie par «des indemnités chômage qui restent généreuses, un réseau de soutien familial encore très développé en Espagne et une importante économie souterraine qui pourrait représenter jusqu'à 20% du PIB», confie José Ramón Pin, professeur à l'école de commerce IESE. Plus qu'une explosion sociale, «l'Espagne risque de perdre de nombreux talents, de