L'alimentation et l'agriculture irriguent le Forum social mondial qui, cette année, investit Dakar du 6 au 11 février. Et qui, dix ans après le premier test de Porto Alegre, au Brésil, trace son sillon alternatif. L'affirmation de la souveraineté alimentaire ; le rêve d'une autonomie agricole ; «le droit à se nourrir pour survivre», hurlait un Burkinabé lors de la marche d'ouverture. Un cri qui rejoint le mot d'ordre de la présidence française du G20. Paris entend juguler la spéculation sur ce marché pas comme les autres. «Hypocrite : la France et le G20 parlent de réguler les matières premières alors qu'ils ont démantelé les outils de stabilisation de prix, avec le feu vert de l'Organisation mondiale du commerce prônant la libéralisation, rappelle Aurélie Trouvé, coprésidente d'Attac. En trente ans, les pays en développement sont passés d'exportateurs net à importateurs cash, et se retrouvent dépendants des cours mondiaux.»
Voilà que 2011 renoue avec 2007 : le spectre des émeutes de la faim réapparaît et alimente déjà des révoltes. «Les prix culminent au plus haut», s'alarme la FAO. Pourquoi ? «Entre 2009 et 2010, le prix du blé a flambé de 70% quand la production a chuté de seulement 3%», se désole une agronome européenne, venue plaider pour un réel encadrement. «Il est illusoire de laisser croire que les marchés agricoles peuvent s'autoréguler», résume Arlène Alpha, du Groupe de recherche et d'échanges technolo