Amonde en crise, altermonde en embuscade ? Dix ans après le premier Forum social mondial (FSM) de Porto Alegre, Dakar a accueilli 50 000 altermondialistes du 6 au 11 février : un succès malgré l’organisation chaotique et une diversité parfois antagoniste. Jamais les analyses alter n’ont autant imprégné l’agenda politique global. Si leurs thèses sont validées par la crise, leurs stratégies passent-elles par une adaptation de leur logiciel de combat ? Pas forcément.
Partiels. Les FSM ont toujours eu un côté foire à idées alternatives, agora-doléances, capharnaüms de débats parfois datés, souvent passionnants, presque toujours défricheurs. Dakar n'y a pas dérogé. Avec, en prime, un effet jeu de piste. «Tenir un rendez-vous dans la plus grande fac d'Afrique de l'Ouest n'avait rien d'illogique», déclare un organisateur. Mais une grève de deux mois, avant le forum, a précipité le rendez-vous dans un chaos plus ou moins créatif. En principe en vacances, les 60 000 étudiants d'un campus prévu pour en contenir 10 000 ont finalement investi les lieux pour boucler leurs partiels. Résultat : «Je n'ai jamais vu un tel bordel, tant d'ateliers ou de conférences déplacées», note Alan, un sociologue britannique.
Bien sûr, un FSM ne se réduit ni à une vitrine ni à l'avant-scène. «C'est un lieu de convergence, de mises en réseau, d'édification de plateforme», note Bernard Pinault, du Cente de recherche et d'infirmation sur le développement (Crid).