La révolte en Libye et dans de nombreux pays arabes a fait grimper le prix du pétrole à 107,16 dollars le baril hier à Londres. Directeur des revues Pétrostratégies et Europ' Energie, Pierre Terzian analyse les risques de la crise en Libye.
S’achemine-t-on, comme en 2008, vers un baril à près de 150 dollars ?
Non, je ne crois pas car les conditions économiques ne sont pas les mêmes. En 2008, on ne s’était toujours pas remis d’une part de la baisse de capacité de production consécutive à la guerre d’Irak et, d’autre part, de la hausse de la demande en Chine et aux Etats-Unis. Après 2003, l’Arabie Saoudite a tout fait pour élargir ses capacités et elle peut compter aujourd’hui sur presque 3,5 millions de barils/jour non utilisés, soit bien plus que les exportations de la Libye, qui représentent 1,5 million de barils par jour.
La production de la Libye est-elle très concentrée ?
Environ 80% de sa production pétrolière se trouve dans le désert, dans l’est du pays. Dans un triangle qui va de Benghazi vers le sud et qui remonte vers Sirte, sur la côte, en passant par Sarir, l’un des plus grands gisements du pays. Pour l’heure, les pétroliers essaient de rapatrier un maximum de gens. S’il y a le moindre risque supplémentaire, bien sûr, ils stopperont la production. Wintershall, filiale du chimiste allemand BASF, a déjà déclaré qu’il allait le faire.
Ce qui est intéressant, c’est que les séparations tribales remontent à la surface, comme cela a été le cas en Irak quand le régime de Saddam a été affaibli. Quand la société est en crise, les tribus se réveillent. En Libye, il y en a trois grandes, do