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Libération
Reportage

«Ce n’est plus un problème d’argent… Les gens sont usés»

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Dans une filiale de Saint-Gobain à Soissons, les salariés sont contents de partir plus tôt.
publié le 1er mars 2011 à 0h00

«Si je ne pars pas maintenant, je vais devoir partir à 62 ans. Et je ne me vois pas monter sur les machines à cet âge. L'été, il y fait 85 °C et le bruit est infernal.» Christian Cossart est mécanicien dans la verrerie de Vauxrot, près de Soissons (Aisne). Il travaille en équipe depuis trente et un ans. Son employeur, Verallia, filiale du numéro 1 mondial des matériaux de construction, Saint-Gobain, lui propose de partir en préretraite dans un an, à 56 ans, avec une prime de licenciement. Au moins 30 000 euros. Il touchera 65% de son salaire brut pendant six ans, jusqu'à sa retraite : «Une chance, dit-il. La vie d'équipe, c'est dur.» En 5 x 8, il alterne les prises de poste à 4, 12 ou 20 heures. «On ne mange jamais à la même heure, on n'est jamais réglé. Le dimanche en été, quand je vois mon voisin qui allume un barbecue ou ma femme à la maison alors que je pars travailler, je me rends compte que c'est un sacrifice.»

Amiante. Mécanicien graisseur, comme son père, Francis Lachevre va aussi partir. Il est dispensé de port de charges depuis qu'il a été opéré d'une hernie discale en 2007 et qu'on lui a vissé une plaque rigide entre les vertèbres. «J'ai aussi des problèmes d'audition. Le port de bouchons d'oreille n'a pas toujours été obligatoire.» Francis ne peut plus travailler à proximité des machines, à cause de la chaleur. Il y a trois ans, Saint-Gobain lui a fait passer une radiographie qui a révélé «des trous