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Libération

Des sous-traitants piétinés

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publié le 11 mars 2011 à 0h00

«Je pourrais vous faire un catalogue de comportement pervers.» Nommé, il y a tout juste un an, médiateur de la sous-traitance par le ministre de l'Industrie, Jean-Claude Volot se bat pour tenter de mettre fin aux mauvais traitements infligés par les grands groupes à leurs fournisseurs. La liste des abus est longue comme le bras : factures payées en retard, pressions énormes sur les prix, pillage des brevets et des meilleurs salariés, obligation de délocaliser pour remporter les contrats… Avec des histoires hallucinantes, comme ce sous-traitant qui a été forcé de construire une usine à l'étranger par son client, lequel a annulé le marché une fois les travaux terminés. «L'essentiel du problème, c'est le non-respect de la loi», dit Volot. Ce qui signifie que les textes protégeant les sous-traitants existent, mais que les grands groupes n'hésitent pas à les violer pour réduire leurs coûts.

La situation est particulièrement tendue dans l'aéronautique et l'automobile, réputées intraitables. Résultat : nombre de PME vivotent ou disparaissent. La faute en revient en partie aux intéressés, par exemple lorsque les entreprises familiales refusent de grossir pour ne pas perdre le contrôle. Mais cette frilosité n'explique pas tout. «La plupart des sous-traitants sont étranglés. Certains constructeurs, comme Renault, mènent une politique de la terre brûlée», dénonce un sous-traitant. «On ne peut plus investir dans la technologie. On ploie sous le joug»,